Le feuilleton se poursuit : juste avant Noël, on nous a déposé au pied du sapin, dans nos petits souliers, un nouveau Ministre de la Simplification, de la Transformation et de l’Action Publique (dans cet ordre, plus ou moins). Laurent Marcangeli devient donc le 4ème ministre – en 4 ans, à ce rythme il va nous falloir un album Panini ! – en charge du secteur public. Et comme il risque bien d’être encore aussi éphémère que le précédent, dépêchons-nous de le découvrir !
Côté CV, ce n’est pas idéal. Certes, le nouveau ministre est, avec son expérience d’élu local un peu moins novice en matière de service public que ses 3 prédécesseurs, dont chacun·e semblait vouloir avoir encore moins de lien avec le service public que le précédent : de la lobbyiste Amélie de Montchalin au consultant Guillaume Kasbarian en passant par le directeur de clientèle Stanislas Guérini, la rue de Grenelle n’a pas vu passer des pointures du service public, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais peut-être aurait-on pu trouver un ex-élu local qui n’ait pas été, six mois avant sa nomination, épinglé par la Cour des Comptes pour « refus d’exécuter une décision de justice »…
Côté méthode, c’est en progrès – en tous cas sur la forme, car pour l’heure on ne connaît ni les orientations du Ministre ni sa capacité à aller au charbon pour faire bouger les lignes. Ce qu’on peut dire, c’est qu’il a jugé inutile de surjouer les matamores, comme son prédécesseur, et qu’il a préféré inaugurer ses fonctions par une déclaration d’amour aux fonctionnaires, et une invitation des syndicats du secteur public à des échanges bilatéraux. Les mots doux, ça ne coûte pas grand chose, mais après plusieurs mois de « Kasbarisme » entre tweets invitant Trump et Elon Musk à lui souffler des idées et déclarations contredisant les données de son propre ministère, ça repose un peu.
Pour autant, ce n’est pas sur ses billets doux qu’on attend Laurent Marcangeli, et les représentant·es FA-FP l’ont clairement dit le 10 janvier dernier lors de leur bilatérale avec le Ministre. Notre délégation a rappelé que les préoccupations des agents des 3 versants de la Fonction Publique restaient très fortes sur le pouvoir d’achat, la retraite, les carrières, les rémunérations, la mobilité, la formation, l’égalité femmes/hommes, la protection sociale complémentaire, les négociations annuelles obligatoires, l’action sociale, les remplacements de postes, le devenir du projet de « loi Guérini »… En clair, les agents publics ont demandé, par la voix de leurs représentant·es, à y voir clair sur les politiques publiques. Quels moyens veut-on donner au Service Public pour remplir ses missions ? Pour éviter la paupérisation des agents publics ? Pour que la carrière publique soit attractive, et qu’elle reste adossée à un statut qui en pose les principes d’équité et de neutralité ? Ce sera sur les réponse de M. Marcangeli à ces questions que l’on saura si l’on a, enfin, changé de méthode.
Pour l’heure, l’échange du 10 janvier n’a été qu’une prise de contact. Le Ministre n’a affiché aucune position sur ces enjeux, et a dit qu’il préciserait ultérieurement son programme de « dialogue » / « négociation ». La transmission de son agenda social est prévue pour les prochaines semaines après avoir terminé l’ensemble des consultations avec les partenaires sociaux.
Qu’on ne s’y trompe pas : ce qui se joue ici, c’est bien l’avenir du service public.