Le dialogue social, pilier bien malmené du Service Public

In Billets d’humeur by FA FPT NA

Après bien des semaines une petite fumée blanche, bien maigrelette, est finalement sortie de la cheminée de Matignon. On s’apprête donc à dire adieu à Stanislas Guérini et à découvrir son successeur, Guillaume Kasbarian.

On aura connu Stanislas Guérini, successeur d’Amélie de Montchalin en 2022, qui elle-même avait pris la suite de Gérald Darmanin, dans à peu près toutes les positions gouvernementales possibles : après l’avoir vu ministre, puis quasi-ex-ministre, puis re-ministre, nous avons eu Stan dans la position du démissionnaire. De Stan on se rappellera (soyons justes) qu’il aura été le seul Ministre à avoir, au cours de la dernière décennie, présidé à une revalorisation le point d’indice. On se rappellera aussi (parce que bon, on est justes, mais on sait compter quand même) que cette revalorisation bien tardive n’aura pas – et de loin ! – comblé l’érosion du pouvoir d’achat des agents publics par une décennie d’inflation. Elle n’aura pas non plus suffi à compenser des années de gages donnés par les gouvernements successifs aux tenants de l’orthodoxie libérale et budgétaire.

De ce point de vue, le trio Gérald-Amélie-Stanislas laisse surtout comme héritage, un statut de la Fonction Publique encore plus fragilisé, et un dialogue social mis sous l’éteignoir. Depuis 2019, les textes relatifs au dialogue social tendent à limiter les compétences des instances consultatives, ou bien à ne les concevoir que comme des instances de « dernier recours », à n’utiliser que quand l’agent persiste à ne pas être d’accord avec l’employeur. La démocratie sociale, version XXIème siècle, est de plus en plus priée de ne parler qu’à voix basse, quand on lui donnera la parole et pas avant. Une enfant, en somme, qu’on se réserve le droit d’envoyer au lit sans souper si elle ne fait pas ce que les « grandes personnes » ont décidé. Si vous en doutez, voyez les textes de ces 5 dernières années. Et pour vous faire peur, voyez aussi ces rapports que font rédiger ceux qui veulent aller plus loin encore dans la caporalisation du service public.

Pour nos représentants à la Région comme dans les instances nationales, il n’est pas question de se laisser infantiliser – ni « scrogneugneu-iser» d’ailleurs. Le dialogue social, c’est l’oxygène dont le service public a besoin. C’est l’enceinte où vous pouvez vous faire entendre avec vos représentants, et formuler vos besoins, vos propositions et vos revendications. Nous veillerons bien à ce que votre voix continue à y résonner clairement. Voilà ce que M. Kasbarian ne manquera pas de découvrir dans ses échanges avec les syndicats !