La France et la Région attendent avec inquiétude d’être notées par ces sympathiques arbitres de la rectitude financière que sont les agences Standard & Poors, Moody’s, et Fitch. On les comprend (un peu) : selon qu’on est simple, double ou triple A, et que les arbitres de la finance mondiale croient ou pas aux perspectives d’évolution, on se retrouve à payer plus cher les emprunts qu’on contracte. Alors les acteurs publics s’efforcent de complaire aux agences : compression de personnel, gel salarial, vente de biens publics… tout ça (qu’ils appellent “assainir les finances”) plait aux arbitres du prêt-à-penser budgétaire.
Seulement voilà, en matière de finances, l’arbitrage, c’est un peu comme pour France-Australie, on se demande parfois si l’arbitre n’est pas de mèche. Car ces agences dont on cherche si fort l’approbation se traînent quelques vilaines casseroles : condamnations des unes pour de fausses notations “triple A” d’emprunts toxiques, investigations des autres pour leur rôle dans le scandale des subprimes de 2007, accords amiables ici et là pour mettre fin aux poursuites judiciaires d’Etats ou de particuliers en colère, rien que pour ces 10-15 dernières années le palmarès des bons apôtres de la vertu financière est intéressant. Qu’on leur reconnaisse encore le droit de désigner les bons et les mauvais élèves a de quoi surprendre. Surtout quand ils baissent la note d’un pays en raison d’un mauvais climat social, après avoir applaudi les mesures d’austérité qui sont la cause du malaise social (genre, le relèvement constant de l’âge de la retraite). En attendant de savoir si le prof de science-éco nous a donné une bonne note, amusons-nous avec un petit sujet de sciences physiques : “Le service public est-il finalement soluble dans le triple A ?”.