En 2023, la Région Nouvelle-Aquitaine comptait 6000 agents pouvant prétendre à un avancement de grade ou à une promotion interne. Pourtant, à l’issue de la campagne d’entretiens, seuls 5700 de ces collègues avaient pu bénéficier d’un EPA. Cet écart peut avoir de nombreuses causes, mais il est l’occasion pour la FA-FPT de rappeler que l’EPA est pour l’agent et son employeur à la fois un droit et une obligation.
Le Code Général de la Fonction Publique l’affiche clairement dans son article L 521.1 : « L’appréciation de la valeur professionnelle d’un fonctionnaire se fonde sur une évaluation individuelle donnant lieu à un compte rendu qui lui est communiqué. ». Pour la FA-FPT, participer à cet entretien, c’est donc pouvoir faire reconnaître le travail accompli. C’est aussi pouvoir mettre sur la table les difficultés rencontrées dans l’exécution des missions ou la réalisation des objectifs. C’est enfin, ce qui peut prendre une importance particulière dans une Région où votre n+1 peut se trouver à 300 kilomètres, un temps d’échange dédié, bien identifié, inscrit dans le marbre.
L’EPA est évidemment important pour tous les agents concernés par un avancement ou une promotion. Dans le processus de sélection, par la Région, des agent·es qui seront inscrit·es dans les listes d’avancement ou les tableaux d’avancement, l’avis porté par le supérieur hiérarchique joue un rôle clef. Dans le temps d’échange entre l’administration et les organisations syndicales, les arguments des représentant·es du personnel s’appuieront largement sur les appréciations portées lors de l’EPA. Il est donc dans l’intérêt de chaque agent·e comme de chaque responsable hiérarchique que l’EPA ait lieu, et qu’il soit l’occasion d’un échange de fond sur le travail réalisé comme sur les obstacles rencontrés, comme sur les capacités à prendre des responsabilités d’une catégorie supérieure.
Même si l’on n’est pas concerné·e par un changement de grade ou de catégorie, l’EPA est un document important. D’abord, parce qu’il fixe vos objectifs de l’année. Il est important que ces objectifs soient discutés entre vous et votre n+1, pour évoquer ensemble les conditions à réunir pour les atteindre. L’EPA peut aussi venir à l’appui d’une démarche de mobilité, que ce soit en interne ou à l’externe : sans surprise, un employeur potentiel a tendance à vouloir connaître la valeur professionnelle des agent·es qui candidatent. Mais il peut aussi venir à l’appui d’une démarche disciplinaire, comme vos représentant·es du personnel le savent bien.
Que vous soyez confrontés à une surcharge de travail, à un manque de moyens, à des problèmes d’organisation ou à une souffrance au travail (pour vous en tant qu’agent, ou pour vos équipes si vous encadrez) le mentionner dans votre évaluation annuelle permet de rendre visibles vos réalités professionnelles. Documenter les conditions dans lesquelles vous exercez vos fonctions peut être utile en cas de litige ou de demande d’ajustements.
Pour les encadrants, il est essentiel de veiller à ne pas accorder des évaluations « excellentes » aux agents qui dépassent leurs objectifs au détriment de leur santé ou de l’équilibre professionnel. Réserver cette reconnaissance aux agents qui accomplissent correctement le travail demandé favorise un environnement de travail sain et limite le surinvestissement. En valorisant uniquement les « super-performances », on risque de pousser les agents à un surengagement nuisible, générateur de risques psychosociaux (RPS). Cela peut également masquer les difficultés structurelles liées au gel des postes et ne sert ni les agents, ni le service.
Nous vous invitons donc tous et toutes, quelles que soient vos fonctions ou votre catégorie, à accorder à la préparation de votre EPA toute l’attention nécessaire. Recensez en amont les points forts de votre année, les missions réalisées dans le cadre de vos objectifs mais aussi les missions qui seront venues s’ajouter à ce qui avait été prévu. Identifiez les situations où vous avez endossé des responsabilités additionnelles (par exemple une période d’intérim, du travail supplémentaire lié à des départs), mais aussi les difficultés qui vous ont empêché·e de réaliser les missions prévues lors de l’EPA de l’an dernier. Si vous êtes concerné·e par un avancement ou une promotion, échangez avec votre supérieur·e hiérarchique pour que l’avis porté sur cette progression de carrière soit bien argumenté.
Et pour que votre EPA soit bien le reflet de votre valeur professionnelle et du travail que vous avez réalisé, rappelez-vous qu’en cas de désaccord sur l’évaluation vous pouvez d’abord échanger avec votre n+1 sur les points qui posent problème, et, si le désaccord persiste, engager un recours auprès de l’autorité territoriale puis de la CAP ou CCP concernée.
Si vous avez besoin de conseil, de soutien, les représentant.es FA-FPT sont à votre écoute