CNFPT : nuages à l’Horizon

In Billets d’humeur, Formation, Lettre d'info by FA FPT NA

En octobre dernier, Christian Estrosi, Maire de Nice, Président-Délégué de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et par ailleurs Président de l’Assemblée des Maires Horizons, s’agite sur les réseaux sociaux en proposant rien de moins que de supprimer le Centre National de la Fonction Publique Territoriale.

L’argument de Christian Estrosi est simple : il faut supprimer le CNFPT parce qu’il représente près de 1% de la masse salariale des collectivités territoriales. Aucune autre raison n’est donnée dans le communiqué de presse des maires Horizons.

Visiblement Christian Estrosi est d’un autre temps car ça fait longtemps que le CNFPT ne représente plus 1% de la masse salariale des collectivités. Pas besoin d’être un génie pour arriver à cette conclusion d’ailleurs, puisque les collectivités versent au CNFPT une cotisation représentant 0,9% de leur masse salariale. Par contre, on cherche en vain le lien entre « ça pèse x% » et « il faut le supprimer ». A ce stade, ça tient du réflexe, et on pourrait donc tout supprimer dès que ça pèse financièrement. Par exemple, les indemnités des élus, qui représentent sans doute un chouième de la masse salariale. Ou pourquoi pas le salaire des agents tout entier ? Après tout, il doit représenter, en termes Horizons, « près de 100% » de la masse salariale.

Il est étonnant de voir une association d’élus communaux l’oublier (surtout par la voix d’un Président qui siège tout de même à l’Exécutif de 2 collectivités), mais le CNFPT ne se contente pas d’encaisser des cotisations. Il forme chaque année environ 1 million d’agents publics (dont ceux de la Région PACA et de toutes les Communes de France). Et il forme aussi les élus locaux (de tous les Horizons).

La parution du communiqué a fait bondir au CNFPT évidemment, mais également à la FA-FPT. Jean-Michel Weiss, notre 1ᵉʳ vice-président qui a le vilain défaut de connaître un peu le CNFPT puisqu’il siège à son conseil d’administration, a fait savoir qu’il considérait cette attaque tout à fait scandaleuse et intolérable, en plus d’être totalement incompréhensible.

Le fait est qu’on voit mal l’avantage que les Communes retireraient de la suppression du CNFPT. C’est bien connu, casser le thermomètre ne fait pas tomber la fièvre. Supprimer le CNFPT, comme le propose l’Assemblée des Maires Horizons, ne fera pas non plus disparaître le besoin de former les agents publics. Il faut donc en conclure que ces élus prévoient soit de ne plus former leurs agents, soit de confier ce soin à des organismes privés dont rien ne dit que leurs tarifs seront plus avantageux.

Mais vous savez quoi ? A regarder les chiffres brandis par le Président de l’Assemblée des Maires Horizons sur le budget du CNFPT, il se peut qu’il y ait vraiment un truc qui cloche avec les formations CNFPT – celles en direction des élus locaux.

Les chiffres de l’AMH semblent être à côté de la plaque, et pas qu’un peu. Ainsi, le coût journalier des formateurs CNFPT n’est pas de 500 €/jour, comme le Président des Maires Horizons l’avance, mais de 318 €. Bon, oui, mais c’est presque pareil, allez. Et puis aussi, loin de d’atteindre 1,3 milliard d’Euros chaque année comme l’affirme Christian Estrosi, le CNFPT insiste sur le fait que son budget annuel est inférieur à 450 millions, soit à peu près… 3 fois moins. Mais bah, allez, vous allez pas chipoter pour 880 millions hein, vu de Nice c’est presque pareil, quoi. Par une ironie sans doute involontaire, le communiqué de l’Assemblée des Maires Horizons s’intitulait : « Le sérieux budgétaire oui, l’austérité non !« . Bon, ben pour le « sérieux budgétaire », à l’évidence ça semble mal parti. Peut-être qu’une petite formation pourrait aider ? On connaît justement un organisme pour ça.