Difficile de suivre la logique régionale ces derniers mois. L’an dernier, de façon plutôt discrète, la Région avait décidé de geler – pardon, de « réguler » – plus de 40 postes dans les services des sièges. Mise en appétit, elle a décidé début 2024 de poursuivre par un programme de « gel » de 50 postes par an pendant 3 ans. Il lui a fallu des mois pour trouver le temps d’en parler aux représentants du personnel (on est pourtant plutôt abordables) mais allez, au printemps dernier, et sur la demande répétée des organisations syndicales dont la FA-FPT, la collectivité avait fini par sortir du bois et évoquer en CST son « petit » plan de congélation des effectifs.
Pas si petit que ça, ce projet. Même si, pour simplifier le calcul, on prenait un chiffre de 3000 postes pour les sièges, entre les 43 postes déjà régulés et les 150 postes gelés ou qui vont l’être, ça fait dans les 6.4 % de l’effectif qui seront mis au congélo d’ici 2027.
Il s’agit bien de postes dans les sièges, on le précise. Pour les postes en lycée qui découlent de la moulinette de l’outil de dotation, c’est moins facile de jongler avec eux, mais ne soyons pas dupes : le tiroir du congélo peut être chargé plus subtilement grâce à la mobilité sur cycle annuel. Cependant, il existe tout de même près de 300 Proviseurs qui auraient vite fait d’appeler nos élus si la Région se mettait à jouer un peu trop du rabot et si le tiroir lycée du congélo venait à se charger excessivement…
Pour les postes siège donc, on nous assure aussi que le gel ne tue pas : les postes gelés sortent des organigrammes, mais restent au tableau des effectifs. Ils seront juste non pourvus. Donc, il s’agit de postes ni supprimés, ni occupés. Des postes gelés, qui peut-être, un jour (l’espoir fait vivre), reviendront à la vie. Des postes zombie, en somme. The Working Dead.
Dans son plan initial la Région prévoyait de « zombifier » en 3 ans à peu près un bureau sur 15 ou 16 dans les services des sièges. Mais ça c’était en juin, avant le crash budgétaire. Depuis, on est passés en mode film catastrophe, et on va bientôt voir si l’épidémie de zombies ne va pas taper plus large. On entend des choses, ici et là, sur le pourcentage de postes vacants qui serait réellement remplacé. Ça aurait été évoqué en réunion d’encadrants, ça serait remonté en conférence budgétaire… Si vraiment le sujet a été discuté, alors il y a un endroit où il serait urgent de le faire : le Comité Social Territorial.
Il se peut donc que l’opération « Ere glaciaire » de la Région s’intensifie. La tentation de geler de plus gros paquets de postes sera d’autant plus forte que la collectivité va connaître des départs massifs à la retraite dans les 9 années qui viennent : 3150 agents (lycées et sièges confondus) devraient en effet quitter la vie active, si d’ici là le Gouvernement n’impose pas la retraite à 80 ans… Le vivier de postes « gelables » va donc s’élargir. Interrogée sur ce point au CST du 14 novembre, la Région a dit de façon très neutre qu’il y avait une nouvelle réflexion sur les enjeux de renouvellement de poste, depuis octobre dernier. On ne lui fera pas dire ce qu’elle n’a pas dit. Formulons juste une hypothèse : si 3 mois après un 1er plan de gel d’emplois la Région réfléchit à nouveau sur le renouvellement des postes, c’est p’têt’ bien qu’elle songe à un 2ème plan. L’avenir nous dira sous peu si on se trompe ou pas.
Et puis à la Région, le gel frappe la plaine mais épargne les sommets. Nous avons, en juin, été priés de croire que ce programme de gel a été une décision difficile à prendre. Que la Région ne pouvait pas faire autrement : le ratio de la dette, le niveau d’épargne, le poids de la masse salariale, tout ça… Des arguments qui auraient pu être plus convaincants si 3 mois plus tard, la Région n’avait pas décidé de se créer un poste de DGS-bis dont elle avait jusqu’ici réussi à se passer, et dont le coût salarial doit être l’équivalent de quelques postes C. Donc, pourvoir des postes opérationnels A B ou C existants ce serait de la mauvaise gestion, mais ajouter des postes fonctionnels A+++ serait indolore ? Bon courage pour nous expliquer cela.
Au CST d’octobre, la FA-FPT et tous les autres syndicats ont manifesté leur étonnement devant ce « deux poids, deux mesures ». On a tous souligné l’incohérence de créer un tel poste quand on prévoit d’en geler des douzaines d’autres. On a plaidé pour des solutions de renfort du DGS par les DGA puisque c’est exactement leur rôle d’après les textes. On a interrogé la Région sur la cohérence de ce doublonnage du capitaine avec le décret de 1987 qui ne parle guère de « DG Délégué ». Et au final, on a tous voté contre le clonage du poste de DGS, un dossier qui a d’ailleurs interrogé les membres du CST au-delà des seuls représentants du personnel. Et malgré tout cela… la Région a ouvert le poste dès le lendemain.
Nous étions bien gentils d’avoir un avis, vous voyez, mais pour la Région, à ce stade, toute question est incongrue, toute alternative au Directeur Général Délégué est inaudible. Dans peu de temps, le futur DGD (on a bien proposé de prioriser les candidatures féminines, histoire de combler un peu le retard pris sur les postes fonctionnels en la matière mais allez savoir pourquoi la proposition n’a pas suscité l’enthousiasme de la Région) sortira donc du chapeau magique régional et tout ira mieux, vous verrez. Et si ça ne va pas mieux, il restera toujours à la Région la possibilité de geler d’autres postes ou de créer une fonction de DGD Adjoint. Pourquoi pas, hein ?
La FA-FPT vous a donc vous présenté ci-dessus le bulletin météo de la Nouvelle-Aquitaine : vagues de gel dans la plaine, grand soleil sur les sommets, et menace de gros temps sur le baromètre social régional.